Et Dieu convertit le cœur de Thérèse de l’Enfant Jésus (3 - 4)
Ecrit par P. Jean Abdo OCD

3) Comment Dieu le directeur converti le cœur de Thérèse dans ses taches quotidiennes ?
C'est son amour pour Jésus qui a poussé Thérèse à tout Lui donner, à accepter son intervention dans son quotidien, dans ses plus simples tâches journalières. Tout sert à l'amour. Tout peut prouver l'amour. Elle ne laisse passer aucune occasion qui se présente: les petits sacrifices, les petits riens de chaque jour: un sourire, un petit service à rendre. Elle vivait toujours en la présence de Dieu, elle exécutait ses tâches quotidiennes comme s’Il se tenait à ses côtés.

«Seigneur, vous voyez tout, vous pouvez tout, et vous m’aimez»

L'influence de Jésus sur Thérèse a été constante et de plus en plus nécessaire à son orientation vers un don total d'elle-même à l'Amour et Thérèse à tout centrer sur Jésus. Dieu-Jésus était le directeur de son quotidien. Et à fur et à mesure qu’elle avançait en sa maturité spirituelle le plus elle expérimentait le lien qu’il l’a lié à son Bien-aimé. Elle dépendait désormais de Lui. Et elle dit : « C’est Jésus qui fait tout en moi et moi je ne fais rien » (LT 142) disait-elle.

A l’image de son Dieu-directeur elle est humble et simple. Thérèse par son « œil simple » fixé seulement vers Dieu prouve que la sainteté ne consiste pas à fournir de grandes œuvres (fonder des communautés, avoir des grâces mystiques, être ermite, etc..) mais en réalisant son quotidien ordinaire aussi. Pour elle, c’est la vie monotone d’une carmélite cloîtrée où chaque jour l’horaire est semblable au précédent et à celui qui vient. « Je m’appliquais surtout à pratiquer les petites, n’ayant pas la faculté de grandes » (Ms A, 74v).

En effet, c’est au fil des jours et dans les activités les plus modestes et humbles qu’elle présentait ses plus grandes offrandes spirituelles dans le mystère de la communion des saints. « Ramasser une épingle par amour peut sauver une âme » (LT 164) dira-t-elle.

D’une autre part son Dieu-directeur l’enseigne à s’affermir dans la foi et surtout en supportant les épreuves. Il lui apprend à supporter le détachement, la privation de consolation, l’anxiété sur la maladie de son père, en supportant aussi « les piqures d’épingles » de la vie commune :

« Je crois que le travail de Jésus pendant cette retraite a été de me détacher de tout ce qui n’est pas lui » (Lt 78)

Son présent, son action en le moment présent qu’elle vivait lui était inspirait par Jésus.

« Je crois tout simplement que c'est Jésus Lui-même caché au fond de mon pauvre petit cœur qui me fait la grâce d'agir en moi et me fait penser tout de qu'Il veut que je fasse au moment présent » (Ms A 76r)

4) Comment le Dieu du prochain convertit le cœur de Thérèse pour aimer l’autre ?
En vivant avec les sœurs moniales, entre les murs du couvent Thérèse a fait face à la diversité, à la difficulté de comprendre les différents caractères et se faire comprendre aussi, et voilà que cette jeune âme, humble, docile et confiante, prend recours à la Parole divine, et se refugie à son maître spirituel « Dieu-Jésus » pour pourvoir s’armer, s’instruire, pour pouvoir supporter les personnes avec qui elle vivait, pour pourvoir accepter leurs défauts et leur faiblesse. Elle se dit :

«Comment Jésus a-t-Il aimé ses disciples et pourquoi les a-t-Il aimés ? » (Ms C 12r)
Et elle lit l’Evangile, son livre d’enseignement, qui ne se séparait pas d’elle et médite dessus:

« Il veut mourir sur une croix car Il a dit : Il n'y a pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ceux qu'on aime. Mère bien-aimée, en méditant ces paroles de Jésus, j'ai compris combien mon amour pour mes sœurs était imparfait, j'ai vu que je ne les aimais pas comme le Bon Dieu les aime ? »(Ms C 12r)

« ….. en méditant… j’ai compris ». Thérèse alors lit, médite, comprend et s’instruit et elle affirme que « La Charité Parfaite » réside dans l’acceptation de l’autre malgré tout ses défauts et ses faiblesses à l’exemple de Jésus. Pour ainsi, Thérèse a cherché à aimer Dieu qui réside dans l’autre. Ses yeux ne voyaient plus défauts et les faiblesses de la personne en face d’elle, elle voyait Jésus qu’elle aime dans l’autre.

Thérèse a assimilé qu’il faut porter celui avec qui elle marche, pour parvenir à celui avec qui elle désire le plus demeurer: qui n’est autre que son Bon-Dieu.

« Ah ! Je comprends maintenant que la charité parfaite consiste à supporter les défauts des autres, à ne point s’étonner de leurs faiblesses, à s’édifier des plus petits actes de vertus qu’on leur voit pratiquer, mais surtout j’ai compris que la charité ne doit point rester enfermée dans le fond du cœur »(Ms C 12r). Et encore là, Thérèse s’abandonnait à la volonté de son instructeur et lui céda son cœur et ses sentiments même, qu’Il les gère et dit que ce n’est plus elle qui est charitable envers ces sœurs mais c’est Jésus en elle qu’Il l’est :

« ...lorsque je suis charitable, c’est Jésus seul qui agit en moi ; plus je suis unie à Lui, plus aussi j’aime toutes mes sœurs. Lorsque je veux augmenter en moi cet amour, lorsque surtout le démon essaie de me mettre devant les yeux de l’âme les défauts de telle ou telle sœur qui m’est moins sympathique, je m’empresse de rechercher ses vertus, ses bons désirs… »(Ms C 12v)

Pour aimer Dieu il faut aimer son prochain et en aimant le prochain nous accédons Dieu. Et ainsi Thérèse, cherchait, voyait et aimait Dieu dans l’autre.

Elle dit aussi que pour aimer l’autre « … je m’empresse de rechercher ses vertus, ses bons désirs… » (Ms C 12v) en d’autres termes Thérèse a voulu dire : je m’empresse de rechercher Jésus en lui.

Thérèse sentait de l’antipathie pour certaines sœurs, alors aussi elle se tourne vers son mettre et cite ce verset :

« Vous avez appris qu'il a été dit : Vous aimerez votre ami et vous haïrez votre ennemi. Pour moi, je vous dis aimez vos ennemis, priez pour ceux qui vous persécutent » (Mathieu 5 ; 43).

Et elle s'emploie alors à appliquer ce verset dans sa vie quotidienne. Elle remarque que si au Carmel, il n'y a pas « d'ennemis » il y a tout de même des antipathies, des sœurs plus difficiles que d'autres à aimer car désagréables ou étroites d'esprit. Elle se sent donc invitée par Jésus à prier pour ces sœurs et à les aimer. Puis elle cite :

« A quiconque te demande, donne, et à qui t'enlève ton bien ne le réclame pas » (Luc 6 ;30)

La sainteté de Thérèse n'était pas une question de perfection, mais d'amour. Elle a usé des cœurs de ses sœurs pour lui être un lieu de sainteté car c'est là que Jésus l’attendait dans les personnes qui lui ont été très proches et qui exigeait d’elle assez souvent de la patience, pour les endurer, les servir et les obéir.

« Une autre fois, j’étais au lavage devant une sœur qui me lançait de l’eau sale à la figure à chaque fois qu’elle soulevait les mouchoirs sur son banc ; mon premier mouvement fut de me reculer en m’essuyant la figure, afin de montrer à la sœur qui m’aspergeait qu’elle me rendrait service en se tenant tranquille, mais aussitôt je pensai que j’étais bien sotte de refuser des trésors qui m’étaient donnés si généreusement et je me gardai bien de faire paraître mon combat. Je fis tous mes efforts pour désirer de recevoir beaucoup d’eau sale, de sorte qu’à la fin j’avais vraiment pris goût à ce nouveau genre d’aspersion et je me promis de revenir une autre fois à cette heureuse place où l’on recevait tant de trésors. »(Ms C 30v)

Ce que Thérèse à fait au plus petit, au plus tannant, à ceux qui ont le don de l’agacer et la décevoir, c’est à Jésus qu’elle le faisait. Thérèse dit:
« Ce n’est pas toujours avec des transports d’allégresse que j’ai pratiqué la charité… mais je le faisais avec tant d’amour qu’il m’aurait été impossible de mieux faire si j’avais dû conduire Jésus Lui-même »(Ms C 30r)